ParkOtheK > Dossiers > Le Grand Historique des Montag... (Partie 4)  

  Cette rubrique va vous faire voyager dans le temps, à la découverte des grandes et petites Histoires des parcs d'attractions d'Europe et de la planète, mais aussi de rendre compte de l'évolution des technologies liées aux parcs de loisirs.
   

Roller coasters, Montagnes Russes, Grand 8... des noms qui évoquent sensations et frissons, à bord de monstres d'acier et de bois. Depuis une quarantaine d'année, la technologie et les nouveaux matériaux ont permis de repousser les limites de la hauteur et de la vitesse. Mais ces fameuses montagnes ont eu leur heure de gloire bien avant notre époque. Retour sur 400 ans de vitesse et d' "air-times"...

Coney Island
-1830-


Réseaux de transport jusqu'à Coney Island

Pourquoi parler de Coney Island ?

Beaucoup disent que les premières montagnes russes mises au point par des grands noms tels que Thompson, Alcoke et Hinkle ont été construites à Coney Island à New York. Coney a été le lieu de test de nombreuses montagnes russes innovantes car déjà à l'époque, il s'agissait d'un vrai temple de divertissements. A la fin du XIX° siècle, les compagnies de tramways construisent des parcs d'attractions au bout de leur ligne, afin d'attirer des utilisateurs même en période creuse, à savoir le soir et le week-end. Le plus connu des terminus est Coney Island, où sont rassemblés plusieurs parcs inspirés par le succès de l'Exposition Universelle de Chicago en 1893.

Coney Island est certainement le lieu de naissance des parcs d'attractions américains, des montagnes russes modernes, des "dark-rides" et même des Hot-Dogs !

Où tout a commencé.

Les New-Yorkais ont commencé à visiter Coney Island dans les années 1830 et quelques mois ont suffi pour voir apparaître des dizaines d'hôtels et de bâtiments de cures thermales. Durant les années 1870, Coney est divisé en 2 zones. A l'extrême Est de l'île, on pouvait se loger dans de grands hôtels destinés aux classes les plus aisées. Du côté Ouest, la prostitution et les joueurs de cartes allaient bon train. C'était l'époque où les hommes et les femmes portaient des vêtements qui devaient cacher le corps de ses parties obscènes, même pour se baigner. Les vêtements mouillés pesant plusieurs kilos, les heureux baigneurs devaient se hisser le long d'une corde pour sortir de l'eau.

Un certain John Y.Mc Kane dirigeait le complexe de l'île d'une main de fer. Rien ne pouvait être construit sur Coney Island sans son autorisation (et parfois même sans un coup de pied aux fesses). Corrompu, Mc Kane gagnait des millions de dollars en ignorant le vice. "Les maisons closes sont une nécessité pour Coney Island, et je ne compte pas convertir l'île aux jeux d'argent, déjà présents dans les casinos de Brighton Beach et Sheepshead Bay." En 1894, Mc Kane fût arrêté, et l'île explosa économiquement. Les classes populaires se sont alors dispersées sur l'île entre l'Est et l'Ouest. L'endroit est alors prêt à devenir la capitale mondiale du divertissement.

D'autres ont suivi.

En 1897, Captain Paul Boyton ouvrit une collection d'attractions appelée Sea Lion Park. Le petit parc de Boyton a été le premier à exploiter l'idée d'un "parc" d'attractions. Avant, les entrepreneurs ne possédaient qu'un petit nombre d'attractions. A présent toutes les animations sont regroupées au sein d'une même clôture, ce qui a pour effet d'empêcher les prostituées, les parieurs et les voleurs de pénétrer dans le parc.


Le Sea Lion Park de Boyton.


Le Steeplechase

George C. Tilyou, un homme qui a grandi avec Coney Island ouvre en 1897 le parc Steeplechase. L'attraction phare était une course de chevaux mécaniques de type Steeplechase, un modèle très rare dans le monde. Il s'agissait d'une voie en fer sur laquelle circulaient parallèlement 8 chevaux

Steeplechase Park


Luna Park en 1903

En 1903, Frederick Thompson et Elmer Dundy achètent le Sea Lion Park de Boyton et ouvrent Luna Park. Leur nouveau pays enchanté était du jamais-vu. Le soir, il brillait à la lueur des 250 000 lumières électriques. Un visiteur l'a même qualifié d'être un "Eden électrique". Luna Park a été un énorme succès, et à attirer l'attention de William Reynolds, un politicien local avec un certain penchant pour tout ce qui pouvait être illégal. Il construit Dreamland Park en 1904. Ce parc abrite des attractions très moralisantes telles que la Création et la porte de l'Enfer qui s'employaient à précher une doctrine religieuse aux visiteurs, tandis que Les Canaux de Venise et Les Flammes combattantes leur montraient des lieux l'imagination imaginaires, à une époque où le cinéma venait tout juste de se répandre. Dreamland resta ouvert jusqu'en 1911 et n'a jamais été aussi populaire que ses prédécesseurs, mais ses un million de lumières étincellantes invitaient autant à la rêverie que les lueurs de Manhattan.

D'innovations en innovations.

Dans le monde des montagnes russes, Coney Island avait les meilleures et présentait de nombreux modèles innovants. Comme cités précédemment, la première réussite économique d'une montagne russe, le premier circuit "en boucle", et le premier système de remontée mécanique (lift) ont pris naissance ici. En 1895, Lina Breecher créa le Flip Flap Railway et le construisit au Sea Lion Park de Boyton. Cette montagne russe présentait un looping ... et quel looping ! Les visiteurs subissaient une accéleration de 12 G. Il s'agissait de la première réapparition d'inversion depuis celle des jardins Fracasti à Paris à la fin du XIX° siècle. (Voir première partie). Même si inconfortable et dangereux, le looping de 7, 80 mètres attirait les foules mais ferma rapidement quelques années plus tard.

 


Le Flip Flap Railway


Le loop the loop.
Afin de réduire les G du looping vertical du Flip-Flap, Edward Prescott bâtit le Loop-The-Loop de Coney Island en 1901. Sa voie en acier et son looping en forme d'ellipse ont fortement réduit le nombre de G subis par les visiteurs et ont procuré des sensations fortes en toute sécurité. Malheureusement, le public regardait plus le spectacle extérieur qu'offrait l'attraction et très peu ont osé l'expérimenter. Le Loop-The-Loop survivra jusqu'à la première Guerre mondiale grâce au revenu des entrées donnant le droit de regarder l'attraction de plus près. L'attraction ferma pour faillite quelques années plus tard.


Le Giant Racer
13 montagnes russes ont pris place à Coney Island de 1884, jusque dans les années 30. Une des plus grandes a été le Giant Racer construit en 1911. Sa structure a permis à cette attraction d'être la plus haute de l'époque. Afin d'augmenter les revenus, le coaster a été placé sur roulettes pour se rapprocher d´une rue plus commercante. En 1926, l'attraction est démontée pour laisser place à l'une des montagnes russes les plus célèbres de l'Histoire : le Cyclone.

Le Cyclone


Le Cyclone
De nos jours, le Cyclone est véritablement l'étalon de réfèrence à côté duquel tous les autres coasters sont mesurés. Des descentes raides, beaucoup d'air-times (sensation de légèreté, lorsque vos fesses ne touchent plus le siège), des virages serrés et juste une lap-bar (barre de sécurité) pour retenir les passagers ont fait de lui un coaster exceptionnel. L'attraction conçue par Vernon Keenan, a été construite par la Harry Baker Company et par la National Bridge Company (sorte de "Ponts et Chaussées" à l'Américaine) qui aida à la construction du squelette métallique de l'attraction. Ouvert 6 semaines en retard, après une facture de 100 000 $ payée par les frères Jack et Irving Rosenthal, le Cyclone a été le coaster ayant connu le plus de succès à Coney Island.

En 1934, les frères Rosenthal achètent Palisades Park dans le New Jersey et ont dévoué la plupart de leur temps à son succès. Ils embauchent Chris Feucht, concepteur du coaster Drop The Dips, afin de gérer le Cyclone. Feucht a porté beaucoup d'attention à l'attraction et lui a fait subir des modifications encore visibles de nos jours.

Le Drop The Dips ouvre le 6 juin 1907 à Coney Island et offre des sensations encore jamais ressenties jusqu'alors. Mais à l'inverse du Loop-The-Loop, le succès était au rendez-vous et la file d'attente ne désemplissait pas. Feucht n'a jamais été satisfait de l'attraction telle qu'elle était. Et amoureux de cette oeuvre, il ne cessa d'en prendre soin, en la remodelant, en la remaniant et en lui apportant sa touche personnelle, de telle sorte qu'elle ne pouvait que s'améliorer en vieillissant. Au-delà de la première montagne russe "moderne", nous devons louer Feucht pour une autre invention : la barre de sécurité pour les passagers. Il a été le premier propriétaire de coaster à installer ce système de sécurité, qui remplace alors les chaînes ou les simples ceintures dont le but -minime à l'époque- était de garantir la sécurité des passagers.


Le Thunderbolt

Deux autres montagnes russes ont marqué l'Histoire à Coney Island. Le Thunderbolt construit en 1925 par John Miller, et le Tornado, construit en 1926 par la Thompson Company sous la direction de Franck Darling. Le Thunderbolt était une attraction folle, mais à cause de la proximité du Cyclone (situé au bout de la rue) cette montagne russe a souvent été boudée par le public.


Le Tornado

Le Tornado, quant à lui, était une superbe montagne russe de facture Prior & Church qui brûla en 1977. Une tour trônait au milieu du parcours et a inspiré une légende : certains disent que La Marcus Thompson montait au sommet pour y trouver l'inspiration pour la création de ses montagnes russes... bien qu'il soit mort 7 ans avant la construction du Tornado...

Coney Island demeurera comme le parc d'attractions ayant le plus influencé les parcs américains modernes.

Simon BOURLET
 
Remerciements aux sites Ultimaterollercoaster et Britannica.com pour les documents iconographiques.
ParkOtheK - Rubrique Evolution et Histoire - Aout 2002 - Contact : Simon Bourlet