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OK CORRAL
Alain Prigent : Je dirige l'exploitation du parc. Mon boulot, c'est faire marcher le parc. Je m'occupe de beaucoup de choses : commercial, technique... c'est ce qu'on appelle l'exploitation d'un site, d'un centre de profits.
A.P. : Je suis ingénieur en construction automobile (assez généraliste), un Institut d'Administration des Entreprises, ensuite je suis passé à la Générale des Eaux, (rien à voir avec l'automobile), et après je suis arrivé ici... il y a 24 ans. S.B. : Si vous deviez définir rapidement OK CORRAL. Que diriez-vous ? A.P. : Tout dépend du point de vue que l'on adopte. Si on prend un point de vue commercial, OK CORRAL se veut être un parc à thème western familial. Par familial, nous entendons un public composé de "papas, mamans, et enfants", pour des raisons d'agrément et de plaisir entre les visiteurs. C'est pourquoi nous ne tenons pas vraiment à accueillir de grosses attractions dites "à sensations" au sein de notre parc, afin d'éviter l'affluence d'une clientèle plus ou moins turbulente. S.B. : Quelles sont les particularités liées à OK CORRAL ? A.P. : Il n'y a pas de particularité au sens général du terme. D'un point de vue sécuritaire, nous avons cependant une particularité; nous avons notre propre système de sécurisation car nous sommes en zone forestière, une zone boisée, classée "risque feu". Un plan d'organisation interne est défini pour chaque employé qui a un rôle à tenir en cas d'alerte. Nous possédons également un bâtiment de 1200m², un refuge entièrement protégé par rideau d'eau pouvant abriter les visiteurs du parc pendant 1 heure. Il s'agit bien là d'une particularité.
A.P. : On ne peut pas vraiment parler de problème, mais plutôt d'une quantité de travail. L'attraction demandant la plus grande quantité de travail, c'est certainement le Lasso Loop. (NDLR : cette attraction est désormais fermée depuis la saison 2004). Il s'agit d'une machine violente, qui travaille beaucoup "en l'air", qui se retourne... Cette attraction demande une maintenance très lourde. Celle nous posant le moins de problème d'entretien est sans aucun doute, le grand toboggan situé à l'entrée du parc. Un petit coup de parafine sur les pentes, et un renouvellement des tapis suffisent généralement.
S.B. Quels sont vos constructeurs d'attractions ? A.P. : Ils sont très variés. Mais les Allemands sont champions au niveau de la sécurité, mais pas au niveau de l'innovation, car leurs modèles sont conçus à l'unité. On peut trouver les même machines en Espagne ou en Italie, mais la qualité est moindre ; en Allemagne, les prix sont certes trois fois plus chers, mais le matériel est aussi trois fois plus épais et résistant !
A.P. : Les attractions les plus familiales. Par exemple, notre attraction aquatique Splash Mountain (NDLR : Flume Ride) est très populaire par beau temps, les gens ont besoin de rafraîchissement. Mais toutes les attractions sont populaires en réalité, car lorsque le visiteur entre dans le parc, il a en tête de faire toutes les animations proposées. Bien sûr, certains n'aiment pas la hauteur, d'autres n'aiment pas tourner...chacun ses goûts.
A.P. : En ce qui concerne le train, il a été supprimé pour des raisons sécuritaires ; en effet, on n'arrête pas un train de plusieurs tonnes sur 2 mètres. D'autres attractions n'ont pas disparu au sens propre du terme. Elles ont été transférées dans d'autres parcs. Aussi, quand on veut installer une nouvelle attraction, il faut de la place.
A.P. : Oui, en effet. Nous avons des possibilités d'extension. Mais il y aurait un risque de surcapacité inutile. L'agrandissement d'un parc n'est pas forcément synonyme d'une progression de 20% de la fréquentation.
A.P. : La Grande Roue, l'ancien Train Fantôme, le Grand Huit (les Montagnes du Colorado).
S.B. Une intrigue... le nom de Splash Mountain est originaire d'une attraction très populaire des parcs Disney dans le monde ... A.P. : Oui, mais pas en France. Le nom de Splash Mountain fait l'objet d'un dépôt de marque en France par la société OK CORRAL. S.B. Les piques-niques ne sont pas interdits au sein du parc. Est-ce une volonté ? A.P. : Nous n'interdisons rien ici...Vous remarquerez que pas grand monde n'autorise les piques-niques et les chiens au sein d'un parc, et nos visiteurs ont droit à un nombre illimité d'entrées et de sorties dans la même journée (ce qui n'est pas le cas partout).
A.P. : La réponse est difficile. Nous n'avons pas de statistiques précises à ce sujet. Mais je peux estimer que dans la même année, nous n'avons pas beaucoup de revisites, sauf les détenteurs de pass annuels (Pass d'Or), des habitués du parc la plupart du temps. D'une année sur l'autre, nous avons des revisites, c'est évident. Mais la fréquence "normale" de visite doit tourner autour de 2 ou 3 ans.
-Des vacanciers nord-européens (Allemagne, Hollande...) pour des vacances de 8 à 15 jours, à la pêche au soleil.
A.P.. : Il est très difficile de faire de la publicité pour Ok Corral. Le parc a une trentaine d'années d'existence : les gens connaissent Ok Corral, mais ne sont pas forcément venus nous rendre visite. Il est faux de croire que la publicité fait venir les gens, la pub ne sert qu'à seriner encore et encore aux gens que l'on existe. Faire de la publicité pour Ok Corral, ce n'est pas dire "on est les plus beaux, on est les plus forts, on est les moins chers", mais faire de la publicité pour Ok Corral c'est dire : "Nous existons". Et il reste toujours vrai que le meilleur moyen de se faire connaître, c'est le bouche-à-oreille. S.B. Dans les années passées, Ok Corral était très médiatique. Paraît-il que Jean-Pierre Foucault y aurait fait ses débuts. A.P. : Oui, j'étais là. A l'époque, la radio RMC diffusait des émissions à partir de chez nous. Foucault a fait le cow-boy amateur avec nos gars de l'équipe spectacle. Pour l'anecdote, il est tombé du train. J'ai vu Foucault pendant des années venir avec sa fille, jusqu'à ce qu'il quitte RMC et devienne plus médiatique. Nous ne l'avons pas revu depuis un moment. Et il faut dire que sa fille a du grandir aussi... S.B. Comment voyez-vous le futur du parc ? S.B. L'ancien bâtiment de la gare est aussi sur le point d'être détruit. Sentimalement parlant, ça vous ferait quelque chose si on détruisait un tel bâtiment, symbole du passé du parc ? A.P. : Non. A partir du moment où on remplace par quelquechose de plus intelligent. Vous savez, les sentiments dans le boulot, mieux vaut ne pas en avoir.
A.P. : Vous savez, j'ai milité pendant des années pour avoir le Splash Mountain, je l'ai. On peut pivoter certaines machines, et l'avantage c'est que nous avons un groupe derrière nous (NDLR : Groupe Bembom Brothers), avec des machines. On peut changer le looping actuel par un autre looping. Nous risquons simplement d'enlever une machine pour en remettre une autre. S.B. Quelle attraction vous ne souhaitez plus voir au sein du parc ? A.P. : Le Looping. Trop cher en entretien. Ce ne sont pas les clients qui n'en veulent pas... ce sont les tenanciers. Ce manège-là, nous sommes à peu près les seuls en France à savoir le faire marcher. Trop complexe.
A.P.: Il s'implantera près de chez nous. Aucun problème. Astérix est bien à côté de Disney. S.B. Votre plus grande déception ? A.P. : (silence) Je vais vous raconter une anecdote une nouvelle fois.
A.P.: Oui, absolument. Et encore, je ne vous ai pas tout raconté ! S.B. Donc vous êtes déçu par les gens ? A.P. : Oui. De toute façon, ça ne peut être que ça... l'attitude des employés est bonne, et ils savent très bien ce qu'il y a au départ et à l'arrivée, il n'y a pas de surprise... la clientèle est là, on ne peut pas se plaindre. Si nous étions à 0 client, on se dirait qu'on est franchement mauvais, mais ce n'est pas le cas. On a une résidence de vacances qui marche très bien. C'est l'attitude du public en général qui nous déçoit beaucoup... attitude qui va en se dégradant, faut-il le préciser. Le comportement des gens va en se dégradant. Il y a un notamment un laissez-aller grandissant de la part des parents ...ce n' est pas vrai que chez nous, c'est vrai dans la vie en général. On le ressent beaucoup ici. C'est net. S.B. Une autre anecdote ? S.B. Votre plus grande fierté ? A.P. : Je vais vous dire ma plus grande fierté: c'est que la majorité des clients reviennent. Je vais une nouvelle fois vous raconter une anecdote ! L'autre jour, j'étais à l'entrée du parc. Et j'entends deux personnes discuter : un jeune, et un autre visiteur assez âgé. Le plus vieux dit : "C'était pas comme ça avant".
A.P. : Oui, je fais partie d'une commission de normalisation des attractions, qui est en fait une cellule du Snelac. Elle regroupe des techniciens du Parc Astérix, du Futuroscope...
A.P. : Par exemple, les visiteurs les plus lourds seront à l'intérieur du manège.
A.P. : Ce ne sont pas les parcs qui ont voulu imposer cette réglementation. Les parcs avaient leur propre norme (allemande pour la plupart). C'est l'état qui a souhaité ceci. Après, Bruxelles a voulu l'appliquer au reste de l'Europe. Mais ça, c'est un peu comme la Politique Agricole Commune... avant que tout le monde soit d'accord, on peut encore attendre quelques années. S.B. Son entrée en vigueur ? A.P. : Je ne serai certainement plus de ce monde d'ici là ! Interview réalisée par Remerciements à M.Prigent, ainsi qu'à M.Adragna de nous avoir accueillis. |
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