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  Cette rubrique met au banc d'essai tout ce qui peut toucher aux parcs de loisirs de près comme de loin. Parc, nouveau parc, produits dérivés, restauration, jeux, livres, CD, DVD ... tous vont passer sous l'oeil avisé de nos chroniqueurs, afin de vous aider dans vos futurs choix d'achat ou de visite.
   

Ouvert le 20 février 2002, VULCANIA s'inscrit dans la mouvance des parcs dits "ludiques et éducatifs". Des projets du même type se multiplient un peu partout en France : à mi-chemin entre parc d'attractions et musée, ils ont pour mission d'enseigner leurs visiteurs tout en les divertissant. Délicate mission. Il s'agit d'une spécificité bien française qui a fait son apparition quelques années après le succès du FUTUROSCOPE de Poitiers... succès mitigé actuellement. Mais regardons vers un avenir optimiste, et dirigeons nous vers le Massif Central, au coeur de paysages verdoyants et vallonnés, pour découvrir -ou plutôt "explorer"- un parc aussi étonnant qu'original.

 


 

Clermont Ferrand -15h30-

Plus que 15 kilomètres avant d'arriver au "Parc européen du Volcanisme", ou plutôt devrions-nous dire à Vulcania. Dans l'agglomération, la route desservant le parc est signalée d'une façon claire, et pratique, puisqu'elle vous évite de prendre le centre-ville. A chaque carrefour, une flèche. Quelques mètres plus haut (la route est raide et sinueuse), et après quelques kilomètres parcourus, nous aboutissons à l'entrée du parc signalée par une enseigne dressée au milieu d'un champs de pierre de lave. Le ton est donné, nous y sommes ! Visiblement, il va falloir sortir notre porte-monnaie pour accéder au parking. Une hôtesse nous accueille avec sourire :

-"Bonjour, vous désirez visiter Vulcania ?"

Une très bonne question à vrai dire. C'est une forme de présentation pour ceux qui se seraient égarés là, ou bien pour tous ceux qui n'auraient pas encore entendu parler du parc. Au moins, nous sommes sûrs d'être à Vulcania !
L'heure tardive d'arrivée ne nous permettait pas de rester très longtemps au sein du parc. Nous lui demandons donc de nous conseiller les principales attractions et activités à faire en priorité : une réponse claire, précise, et...toujours avec le sourire. On ne paie pas le parking à cette heure-ci.


La découverte

Les parkings portent des noms très évocateurs : Stromboli, Vésuve, Espace Etna. La première chose qui frappe sur le chemin forestier vers le parc, c'est certainement le cadre naturel : des massifs volcaniques nous entourent, la végétation est abondante, et des tables de pique-nique parsèment la clairière. Le parc ne fait son apparition qu'au détour d'une colline. Les caisses sont alignées, et il faut piétiner des scories et autres pierres volcaniques pour y accéder -peu pratiques pour des personnes handicapées ou âgées- mais cela présente l'avantage de nous plonger dans un autre univers.


Les caisses du parc.


C'est en simples visiteurs que nous achetons nos entrées. N'ayant aucune preuve pour justifier le tarif étudiant s'appliquant à l'un d'entre nous, la caissière ne nous fait aucune difficulté, et nous donne 3 places toujours avec le sourire et cet entrain ambiant.

L'entrée dans le domaine du parc se fait par un simple portail, deux contrôleurs nous attendent. Ils sont tout deux habillés en "explorateur" : pantalon beige d'aventurier et veste polaire portant la mention Vulcania au dos. La première chose assez frappante en franchissant le portail, c'est l'aspect désertique de la zone : peu d'herbe, aucun arbre, grand silence. Sans doute voulu d'un point vue scénographique, mais c'est un paysage des plus angoissants. N'oublions pas aussi que le parc n'a ouvert ses portes que depuis 5 mois, et que la végétation n'a pas encore repris ses droits.

A cet endroit précis, deux voies permettent d'accéder au bâtiment principal : l'Allée de la Grande Coulée à gauche, ou bien un chemin à droite. Mais aucun des deux n'est balisé clairement ; nous suivons le flux des quelques visiteurs. Nous approchons peu à peu du bâtiment emblématique du parc : le Cône.



La place de la Caldéra, et en bas, une partie du Cratère.


Destination : le coeur de la Terre.

Habillé de pierre de lave, et tapissé de facettes dorées réféchissant la lumière vers l'intérieur du centre, il s'agit d'un des seuls points émergés du parc. En effet, la structure du site est enterrée aux trois quarts. "Un objet sculpté dans la terre" d'après l'architecte autrichien Hans Hollein. Et justement, il est temps de s'enfoncer un peu plus au coeur de la Terre. Des flèches directionnelles indiquent un sens de visite conseillé. On s'engage alors dans le Cratère, une immense rampe spiroïdale "qui s'enfonce dans un cratère rougeoyant d'où jaillissent des fumerolles" -d'après le dossier de presse-. Mais rien de tout ça malheureusement. Un filet blanc est tendu de part et d'autre du Cratère, et l'on ne distingue pas le fond. Aucun effet ne fonctionne, mis à part un mystérieux grondement sourd et lointain.

Nous sommes à présent à 7 mètres sous la Terre. La rampe du Cratère débouche sur le hall d'Accueil. A la surface du site, il semblait y avoir peu de monde ce jour-là, mais à ce niveau, ça grouille de visiteurs ! Dans cet espace accueil, on peut y trouver les sanitaires, des locations de poussettes, des téléphones, et son enfant perdu aussi... La garderie "Les Petits Volcans" prendra soin des chères petites têtes blondes. L'atmosphère se rapproche ici de celle d'un centre commercial un lundi matin. Il y a des efforts à faire sur ce point-là, ça ne fait pas rêver.


Le Cône


Au fond de la salle, un panneau "Départ de l'Exploration" indique au visiteur le chemin de visite. Ce "Départ" se fait d'une façon assez majestueuse et impressionnante en passant par une ouverture pratiquée dans les différentes couches de lave. C'est à ce moment-là que l'on prend conscience de toute l'originalité et de la prouesse architecturale du lieu. Les salles d'exposition sont creusées à même la paroi et des grondements sourds peuvent être entendus à chaque étape de la visite. Tous ces élèments ont pour conséquence de plonger véritablement le visiteur-explorateur dans un univers quasi-surnaturel.

Après quelques mètres de couloir, nous débouchons dans la galerie du grondement, une sorte de préambule à la visite. Des blocs de pierres sur lesquelles des images de coulées de lave sont projetées entourent le visiteur. Sous nos pieds, des rainures rougeoyantes cicatrisent le sol qui vibrent légèrement. Une seconde salle reconstitue un paysage ravagé par une éruption. Quelques petits effets spéciaux parsèment le décor comme un théâtre optique (jeu de reflet d'images animées), et une séquence vidéo du film "Le Pic de Dante" diffusée sur le pare-brise d'une voiture encastrée. Il faut bien avouer que le tout est très étrange. On ne comprend pas toute la signification de cet amalgame d'images et de sons très rébarbatifs. Nous poursuivons notre visite en nous engageant dans un second couloir creusé à même la lave qui aboutit sous la verrière du Jardin Volcanique.


Un très bel espace peuplé de fougères, et autres graminées. La végétation luxuriante symbolise la renaissance naturelle après une éruption volcanique. La terrasse du Bar "L'Etape du Jardin" domine le creux. L'heure avance et une séance de cinéma 3D dans l'Amphithéâtre est sur le point de débuter. Une petite file d'attente s'est formée, et une des hôtesses nous annoncent que la séance est complète avec trois personnes supplémentaires. Nous nous manifestons, et nous pouvons accéder à la salle sans attente. Mais chose surprenante, il reste bien plus de trois places ... erreur de comptage ou projection automatique, la séance n'est pas optimisée. Le film projeté nous fait remonter le temps pour découvrir la formation du Massif Central. Le film n'a pas vraiment de scénario, et il s'agit d'une succession de paysages (superbes cependant) sans grand intérêt pédagogique. Le trop peu de sensations 3D est comblé par des apparitions d'une faune préhistorique en image de synthèse, sur des séquences séparées du film. A ces moments précis, c'est cris et effrois dans la salle, et les éternelles veines tentatives de capture de l'animal par le jeune spectateur médusé. La technologie 3D n'a pas été utilisée de manière convaincante, et nous avons tous une impression de déjà-vu. Le film plaît aux plus petits, on en ressort content mais sans plus.


Le jardin volcanique.

Nous continuons notre visite dans la salle "Du Cosmos vers le Centre de la Terre". Ambiance sombre, grondements sourds, bornes interactives, mappemonde géante, bienvenue dans l'espace réservé à notre bonne vieille Terre et au Cosmos. Une salle très intéressante pour tous les curieux de géologie et passionnés du système solaire. Les présentations interactives sont claires et compréhensibles. Seul point noir -relatif- de cet espace : le Théâtre de l'Univers. Une séance toutes les 10 minutes environ pouvant "embarquer" une quarantaine d'explorateurs. Très peu d'attente ce jour-là, mais les jours de forte affluence, il faut s'attendre à ce que la file atteigne la salle du Jardin Volcanique. Une attente injustifiée, puisque cette animation joue le rôle de la salle de repos de tout le parc. Explications : Installés dans des sièges confortables disposés en cercle et légèrement inclinés vers l'arrière, un voyage en navette spatiale est simulé tant bien que mal. Ici, pas de secousses à la mode Star Tours du pays de Mickey. Chose tout à fait pardonnable pour un lieu ludique et éducatif comme celui-ci, des sensations mais pas trop ... L'intérêt principal est sans doute l'écran au plafond simulant une fenêtre vers l'espace. 10 minutes de projection au plafond, sur des commentaires pour le moins pas inintéressants mais soporifiques ; un bon tiers de la salle s'est assoupi. Nous savons pourquoi : l'explorateur de volcans a besoin d'un repos bien mérité ! Cette salle ne remporte pas vraiment le suffrage du public ni même des employés, puisque l'hôtesse à l'entrée ne nous avait pas conseillé sa visite.

Au sortir de l'attraction, nous passons sur la Rivière Incandescente, une projection au sol simulant une coulée de lave. Direction la salle "Sur la piste des Volcans". Certainement une des salles les plus intéressantes de tout le complexe. Sur 150 m², la "Mare magique" reconstitue de manière réaliste un paysage post-volcanique : sources chaudes et marmites de boue parsèment la salle. Un écran dans un puits nous fait nous envoler au-dessus des plus beaux volcans d'Europe. La salle le Rendez-Vous des Volcans nous propose une petite présentation automatisée sur la formation des volcans.

La séance de projection dans la salle du Grand Spectacle est imminente. En direction du niveau -4, nous traversons le paysage escarpé du Jardin Volcanique. La "rampe des nuées ardentes" présente une reconstitution d'un paysage dévasté par l'éruption du Mont St Helens en 1980. Très réaliste, puisque cette scène a été fabriquée à partir de vrais matériaux, elle manque peut-être d'un éclairage adapté pour sa mise en valeur.


Les nuées ardentes


Vue sur le Cône de la salle d'Auvergne

Avant d'entrer dans la Salle du Grand Spectacle, la rampe débouche sur la Salle d'Auvergne. C'est ici que se rejoignent les rayons de soleil réfléchis par la surface dorée du Cône. Une salle bien vide malheureusement. Aucune animation aux alentours, des murs froids ... ambiance parking.
Nous pénètrons dans la salle de projection à présent. Ecran géant de 415 m² pour film 70 mm, superbe salle immense de 400 places, Vulcania a mis le paquet pour nous éblouir. Et ça marche. Le film projeté est un documentaire sans grande surprise, mais les vues sont d'une qualité exceptionnelle, et remet en cause l'Homme face à la Terre. Un bon moment.

Suite de la visite dans la salle "A la rencontre des Légendes". Nous prenons place au milieu d'un champs de ruines antiques parsemées dans la salle. Une projection vidéo relate les croyances et les rituels liés au mythe des Volcans. Encore un documentaire, mais on appréciera le cadre thèmatisé de la salle.
L'espace Krafft commémore les grands explorateurs comme les époux Krafft, en passant par Pline l'Ancien ou Tazieff. Beaucoup de lecture attend le visiteur. A côté, l'Observatoire. De petites activités permettent de mieux comprendre les techniques d'observation et de surveillance volcanologique. Nous remontons à présent au niveau 0 pour nous rendre dans la salle des expositions temporaires où se tient une galerie photo de la collection Krafft. Belles photographies mais dans un lieu froid et anonyme. Dommage.

A la rencontre des Légendes


Restaurant des Puys

La dernière étape de notre visite nous conduira à visiter l'étage restauration du parc. Le Bar du Cratère est vide, une serveuse essuie minutieusement ses verres. Nous pénètrons au sein du restaurant self-service la Cafétéria des Explorateurs. Un look assez épuré, limite cantine, qui est adaptée au service des groupes. A l'étage, un second restaurant en self lui-aussi : le Restaurant des Puys ; un design un peu plus soutenu, avec une bonne organisation des ilôts de service-plateau. Au fond, un restaurant service à table "La Table des Volcans" au look très cosy. (NDLR : nous n'avons pu évaluer la qualité restauration du complexe à cause de notre heure tardive d'arrivée).

Vue depuis le Restaurant des Puys

Notre visite s'achève bientôt. Un dernier tour vers le Sentier Botanique signalé par des panneaux ; mais nous aboutissons sur un terrain vague parsemé d'herbes sauvages, rien de vraiment bien intéressant ici, ne serait-ce que le point de vue sur l'ensemble du complexe et sa très bonne intégration au paysage.

Nous rejoignons notre parking, en jetant un dernier regard sur les bâtiments qui s'effacent au détour d'une colline... et on se dit que l'on a passé une bonne journée, sans grande surprise, mais avec une tête emplie d'images de volcans et de superbes paysages.


Vue générale.

                

Voir plan du parc.

 

 

" Nous sommes en phase de rodage et il y a encore quelques imperfections. Mais si l'espace de quelques heures nous parvenons à extraire les gens de leurs problèmes pour les faire rêver avec les volcans, alors c'est gagné"

François-Dominique de Larouzière, directeur scientifique de Vulcania.

Pari gagné.
A l'état actuel, le parc vaut le détour et connait un bon démarrage. Il permet de s'évader pendant quelques heures au rythme des volcans.
Mais nous nous posons deux questions cruciales. La première concernant la taille du site : à l'extérieur le complexe est immense, de grandes places et allées permettent un déplacement fluide des visiteurs, mais à l'intérieur, les salles sont rapprochées les unes aux autres, et il semblerait que le site arrive déjà à saturation en ce mois d'août 2002. Dans ces conditions, il est peu propable que le cap des 500 000 visiteurs annuels soit atteint à long terme. Rendez-vous dans un an.
La seconde interrogation porte sur le sujet traité : la vulcanologie. Est-ce un thème durable et renouvelable ? Le lieu est exceptionnel, les animations internes correctes, mais les visiteurs reviendront-ils même si nouveauté il y a ?

Pas sûr...


Simon Bourlet

ParkOtheK - Rubrique Test - Aout 2003 - Contact : Simon Bourlet