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LaserGame Evolution, Original Laser, LaserQuest, LaserZone... Ces enseignes de salle de jeu, où les batailles laser entre équipes font rage, ont fleuri en quelques années partout en France. Ambiance jeune et survoltée, enquête sur un phénomène et sur les tendances des années à venir. Vous êtes entre amis. Qui n’a jamais connu cette situation qui consiste à faire un choix de sortie avec pour terrible impératif de satisfaire tout le monde le temps d’une journée ou de quelques heures ? Parc de loisirs, cinéma, bowling, patinoire, salle de jeux, mini-golf ... la liste des loisirs payants est longue et plutôt traditionnelle. Pourtant depuis une dizaine d’années, la mode est au laser-tag. La recette est plutôt simple : formez des équipes de joueurs (ami, collègues de bureau, famille), affublez –les d’une combinaison high-tech aux couleurs de l’équipe ainsi formée, équipez chaque membre d’un pistolet-laser, enfermez-les de 30 minutes dans une salle spécialement aménagée, rajoutez une à deux cuillerées de fumigène, saupoudrez le tout d’une musique techno à vous retourner les neurones, laissez-les se tirer dessus. C’est bon, ils sont cuits ! De la tête dans les étoiles … au retour sur Terre. Le laser-tag nous vient des Etats-Unis. L’histoire nous dit que l’inventeur de ce concept, Georges Carter, aurait eu l’idée de ces batailles laser en allant voir StarWars en 1977. Le temps de développer son idée, et la technologie qui va avec, Carter ouvre la première salle de laser-tag en 1984 au Texas et la baptise Photon. Cette technologie de tir est grandement inspirée par le MILES : en 1980 l’armée américaine développe un programme d’entraînement militaire qui utilise un tir infrarouge couplé à une visée laser. Le score de chaque joueur est enregistré lorsqu’il atteint une cible sur son adversaire. Le succès devient alors fulgurant aux Etats-Unis : l’industrie passe de trois fabricants de matériel à la fin des années 80 à 16 au milieu des années 90. Mais le marché lui, ne suit pas, et la qualité n’est pas au rendez-vous : les salles de jeux sont bricolées à la va-vite et ne durent que quelques mois. Le marché arrive alors à saturation, même les franchises Photon alors premières historiquement, disparaissent en 1989. Le marché américain semble alors repartir en 1992 avec l’ouverture de 8 nouvelles salles. En Europe, la première salle ouvre en 1989 à Manchester en Angleterre. Le concept s’étend alors dans tout le pays sous l’impulsion d’une chaîne australienne de laser-tag « The Zone Empire ». L’Angleterre est encore aujourd’hui le premier pays en terme de nombre de salles de jeux laser en Europe. 20 ans après la création de la première salle Photon, et la période de crise passée, le secteur du laser-tag s’est professionnalisé et une association internationale est créée en 1996 : l’ ILTA (International Laser Tag Association). Désormais, le secteur compte plus de 1 100 sites dans le monde, 630 installations en Amérique du Nord, 230 en Europe, et une quarantaine dans l’aire Pacifique. En Europe, le marché est aujourd’hui disputé par trois systèmes de franchises : l’américain LaserQuest (140 centres dans le monde), l’australien P&C -The Zone Empire- propriétaire de la marque Mégazone (250 sites dans le monde), le Groupe Reliance, franchiseur des marques LaserGame Original et Central FunTime depuis 2001, et le Groupe français LGE, franchiseurs des marques Lasergame et Lasergame evolution depuis 1998 (voir nos interviews). Même si en France, le marché du lasertag a connu un véritable boum à l’arrivée de ce dernier, l’Europe connaît de très fortes disparités en matière d’équipement de ce type : l’Europe du Nord et la France arrivent bientôt à saturation, tandis que les pays latins comme l’Espagne, l’Italie ou le Portugal sont les enfants pauvres du concept. En Espagne, une quinzaine d’établissements a fermé ses portes, et en Italie, seulement 2 centres existent aujourd’hui. Le marché reste encore à conquérir à coup de batailles laser … Pour se faire une petite idée sur le concept, quoi de mieux que d’aller visiter un laser-tag et de se prendre au jeu ? Pour cela, nous avons testé un de ces centres. Les abords de la salle sont très « industriels », et on s’aperçoit vite que la zone de jeu est contenue dans un simple entrepôt. Les arrières de boutiques sont les décors d’accueil. Une employée du LaserGame s’efforce de tenir le parking propre en ramassant les quelques papiers qui s’envolent autour du bâtiment.
Ce soir, nous jouerons à 9 personnes. Nous sommes des amis, des amis des amis, ou des amis de bureau, l’ambiance promet d’être amusante. Les tarifs sont de 8 euros par personne pour la première partie, puis 6 euros pour les parties suivantes. (Le samedi, le tarif est unique : 10 euros par personne par partie). Première chose remarquable, il n’y a que deux personnes pour gérer le site : une employée et un gérant. Ce dernier enregistre les noms ou les pseudonymes de chaque joueur sur son ordinateur, et chacun peut enfin aller s’équiper de son gilet rangé en salle de briefing. Chaque gilet est doté de 4 cibles (2 aux épaules, 1 au ventre, 1 au dos) et possède une console à affichage digital sur laquelle s’inscrit votre nom, et en cours de partie, le nom du joueur qui vous a « tiré dessus » et la partie du corps touchée. Deux équipes sont formées : les rouge, et les bleus. Le but du jeu paraît tout de suite plus clair : les deux équipes vont s’affronter à coup de laser. Si vous êtes touché, vous êtes inactif pendant 5 secondes (votre gilet s’éteint, vous ne pouvez plus être touché, et vous ne pouvez plus tirer), vous devez alors vous replacer dans le jeu.
L’employée nous explique en quelques secondes les règles de base qui reposent principalement sur un esprit fair-play :
Pendant 30 minutes, le rythme est soutenu et pour cause : 9 personnes dans 300 m² d’aire de jeu en forme de labyrinthe, vous ne pouvez que vous croiser et avoir la gâchette facile sur vos petits camarades. L’ambiance qui pourrait paraître anxiogène de prime abord s’efface très vite au profit d’un effort physique plutôt intense (vous ne faîtes que courir) et d’une concentration accrue sur votre stratégie d’attaque. Chaque minute de jeu se laisse volontiers savourer. Toutefois, il est à noter qu’il vaut mieux être dans une bonne condition physique pour jouer ; l’ambiance surchauffée de la salle (au sens propre comme au figuré), et les plastrons, -rembourrés pour vous éviter des chocs-, vont vous faire suer de la tête aux pieds. Vous voilà prévenus. L’heure des résultats arrive enfin et l’hôtesse nous énumère les classements de chaque joueur dans chaque équipe : les meilleurs tireurs connaissent leur minute de gloire, et les résultats les plus pitoyables sont sources de rigolade. Nous terminerons la soirée autour d’une bonne table dans un des restaurants de la zone commerciale, un peu courbaturés, tous bien épuisés, mais contents. De l’éthique dans le laser. Pour les fans et les accrocs des jeux de type RPG Role Playing Game les lasertags sont évidemment une grande cour de récréation. Pour les plus réticents à ce concept (nous étions de ceux-là avant d’y jouer), nous ne conseillons qu’une seule chose : essayer pour juger. On aime ou on n’aime pas. Bien entendu, il faut savoir composer son équipe avec un groupe d’amis « sérieux » et vous laisserez de côté les joueurs extrêmes du genre Rambos et autres têtes brûlées qui pourraient se prendre un peu trop au jeu de la guerre et faire tourner votre partie au vinaigre. Du reste, la partie est très bon enfant et reste un jeu de société entre amis ou un défi sportif selon les groupes. C’est de préférence entre amis ou connaissances que le lasertag se pratique le mieux et que les tirs s’osent le plus. Le jeu lasertag a fait du groupe son principal intérêt, mais aussi son plus gros talon d’Achille : en tant que joueur particulier, il faut être capable de mobiliser au minimum une dizaine d’amis pour rendre le jeu suffisamment attractif. C’est vers les comités d’entreprise, les séminaires et les fêtes d’anniversaire que la plupart des enseignes lasertag tournent leurs démarches marketing pour attirer ces groupes si précieux.. C’est un esprit de groupe qui règne dans ce jeu à l’ambiance fair-play dans lequel des règles bien précises et immuables de centre en centre sont établies et rappelées avant chaque partie. Sur les sites officiels des principaux distributeurs de lasertag, on ne parle pas d’ « abattre » ses adversaires, mais bien de les « désactiver » à l’aide du laser ; au final il ne s’agit plus de tirer sur ses concurrents, mais d’atteindre les cibles de leur plastron : les joueurs ne sont plus que des cibles mouvantes. Cette réification dépossède le lasertag de toute connotation guerrière et les décors proches de ceux de la Guerre des Etoiles rendent difficile l’identification du joueur à son présent. Tous les pays ne sont pourtant pas égaux face à l’éthique fair-play des lasertags. Alors qu’en France leur installation se déroule sans problème, la Suisse reste réticente, et, autre pays et autre Histoire, aucun lasertag n’existe en Allemagne car une loi interdit l’installation de tous jeux de tirs sur cibles humaines. Du joueur au pays, le lasertag est à tout niveau une question de mentalité. Vers une offre diversifiée. « Les salles de jeu lasertag ne peuvent exister que si leur environnement est prédominant avec d’autres activités comme un cinéma, des restaurants, un bowling … » . Tel est le paysage souhaité par Jean-Pierre Rousseau, directeur commercial du groupe français Reliance qui distribue la marque OriginalLaser. (voir notre interview). Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Reliance a développé son propre concept d’activités multi-loisirs avec dans un même espace indoor entre 3 et 5 activités différentes, dont le lasergame, un restaurant, et une boutique. Cette idée de complexe de jeux vient des Etats-Unis et a connu un développement parallèle à celui des centres laser-tags dans le pays à la fin des années 80. « Comme souvent, les Américains ont vu les choses en beaucoup plus grand avec des super-structures de loisirs indoor. Nous avons forcément du adapter le concept pour le marché européen. »
Aura-t-on un jour les pro-lasertags d’un côté, et les pro-Inquest de l’autre ? Pistolet laser ou réflexion ? Faîtes le choix de vos armes. Et surtout, amusez-vous ! Simon Bourlet Site officiel InQuest : www.inquest.fr |
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