ParkOtheK > ParkOfiches > Schwarzkopf > Dossiers > Schwarzkopf, un nom, une lége... (Partie 2)  

  Cette rubrique va vous faire voyager dans le temps, à la découverte des grandes et petites Histoires des parcs d'attractions d'Europe et de la planète, mais aussi de rendre compte de l'évolution des technologies liées aux parcs de loisirs.
   



SCHWARZKOPF, un nom attaché à une signature bien célèbre dans le monde forain et dans celui des parcs de loisirs. Montagnes russes, flat rides, trains fantômes, grande roue ... tous ces manèges ont flirté avec la main et l'imagination de ce designer d'attractions célèbre. Durant plus de trois décennies, Anton Schwarzkopf a révolutionné le monde de l'industrie des loisirs avec des créations repoussant toujours un peu plus les limites technologiques de l'époque. Même quelques années après sa mort, ses inventions sont mondialement reconnues, et continuent de divertir les foules. Rétrospective sur ses plus belles réalisations.

PARTIE 2 : les Inoubliables

Même si le succès légendaire d'Anton Schwarzkopf est étroitement lié à la construction de ses montagnes russes d'acier, les innovations technologiques et les concepts originaux de certaines de ces attractions caractérisent toute son audace. Un grand nombre de ses réalisations est toujours en activité dans les parcs de loisirs ou les fêtes foraines. Grande roue, Polyp, Enterprise, font partie des classiques du genre.

Les Dark-Rides

Des fantômes et des fées.

Même si les dark-rides étaient déjà très populaires dans les années 60, avec comme meilleurs représentants les "Trains Fantôme", Schwarzkopf a apporté une petite révolution en réalisant en 1965 et 1966 des modèles à deux étages, plutôt qu'à un seul comme il était d'usage à l'époque. Trois exemplaires ont été produits avec cette configuration, qui différaient à la fois par le thème et par le mode de transport des passagers.

Le premier, le Märchenbahn (le Train des Contes de Fées), encore aujourd'hui visible à Liseberg en Suède, se présente sous la forme d'un convoi de wagons qui fonctionne sur rails. Le thème est celui des contes de fées : les visiteurs voyagent à la rencontre de personnages issus de contes qui jouent, chantent, et dansent. Sur un thème nettement moins enchanteur, le deuxième modèle est le Geisterbahn (le Train Fantôme) consacré au monde effrayant des sorcières et des fantômes. Deux exemplaires ont été construits sur ce modèle : le premier (1965-1966) commandé par un forain français, le second, construit en 1966 pour le marché allemand, et actuellement en fonctionnement au Play Centre de Sao Paulo au Brésil. Dans les deux cas, l'attraction utilise un système funiculaire pour déplacer les gondoles attachées les unes aux autres. Ceci a pour principal avantage de rendre l'attraction plus flexible par rapport à la version sur rail, puisque la distance entre chaque nacelle peut être réglée selon les besoins spécifiques du client.


Le Geisterbahn forain (1965)


Le Märchenbahn, en Suède (1966)

Le Geister-Rikscha


Le Geister-Rikscha à Phantasialand (1980)

 
Dans tous ses mystères, ses peurs, et ses symboles, la culture chinoise prend vie dans une des dernières attractions signées par Anton Schwarzkopf. Construit en 1980 pour le parc allemand Phantasialand, le Geister-Rikscha, traduisez le Pousse-pousse fantôme, est un dark-ride qui a pour décor une ville chinoise. Principale caractéristique, l'attraction est complétement sous-terraine : 27 000 mètres cubes de terre ont du être extraits du sol. A l'entrée, une imposante sculpture de Buddha accueille les visiteurs ; elle représente la Lumière, en opposition au monde des Ténèbres, de la mort et de la damnation. Au cours d'un voyage de 8 minutes, on rentre rapidement dans le royaume de l'inconnu à la rencontre d'un bestiaire fantastique : des créatures ensorcelées, des dragons cracheurs de feu qui se livrent à un féroce combat, un bateau fantôme, un géant à 100 têtes, et le roi du Royaume des Morts. Les décors sont alors signés par la firme allemande Heimo, et l'attraction absorbe encore aujourd'hui plus de 3 600 visiteurs par heure.

Hängelgondelbahn (Les nacelles suspendues)

Cette attraction avec des nacelles suspendues est sans doute l'une des plus originales crées par Schwarzkopf. Construite dans la deuxième moitié des années 60 toujours à Phantasialand, sa traction funiculaire à une hauteur de 8 mètres offre une vue imprenable sur le parc. Ce voyage à bord de gondoles aux allures romantiques prend tout son intérêt une fois entré dans la gueule béante d'un dragon sculpté. Ce décor exploite le symbole du dragon qui constitue la réincarnation du diable dans la mythologie païenne et la tradition chrétienne; c'est en quelque sorte un voyage vers l'Enfer qui est proposé aux visiteurs... dans la montagne qui abrite l'attraction, dans des cavernes remplies des reflets des stalactites, vivent des monstres et des géants. Puis, sans réelle transition, du royaume des monstres, le visiteur est transporté dans le monde des 1001 Nuits. Au menu : danseuses du ventre qui divertissent le Sultan et caravanes de chameaux. Pardonnez ce méli-mélo thématique car cette attraction est désormais la plus vieille animation de Phantasialand.


Le Hängelgondelbahn à Phantasialand (1965)

Les Grandes Roues

C'est en 1969 que l'entreprise Schwarzkopf commence à produire cette attraction traditionnelle. Au total, elle créera 4 modèles différents et sortira de ses usines 15 exemplaires de la Riesenrad. La première est construite en modèle fixe pour le Gartenfestival (Festival des Jardins) organisé à l'occasion de l'Interflor 69 à Dortmund. Son apparence de grande fleur illuminée avec des pétales colorées convenaient parfaitement au thème floral du festival. Trois de ces modèles furent construits. Aujourd'hui sa taille imposante (envrion 40 mètres de diamètre) n'impressionne plus beaucoup, mais à l'époque, ses dimensions paraissaient spectaculaires.


La Riesenrad (1969)

En 1972, la famille Willenborg de Munich commande la première grande roue transportable, deux exemplaires sont encore en fonctionnement aujourd'hui. Plus petite que la précédente et que les modèles qui suivront, cette grande roue transportable présente alors une nouveauté pour ce genre d'attraction : les deux montants sont tranportés par camion et s'ouvrent pour s'assembler. Le troisième et quatrième modèles, deux grandes roues géantes, une pour fête foraine et une autre pour parc d'attractions, ont été produits une seule et unique fois. Elles ont pourtant fait date dans les solutions technologiques adoptées encore aujourd'hui pour tout modèle d'attraction foraine : le container du camion, utilisé d'abord pour transporter l'attraction, sert également de base durant la phase d'installation. A l'origine construit en 1972 comme modèle transportable, le troisième type de grande roue est toujours opérationnel dans le parc Slaagharen, aux Pays-Bas. Concernant le quatrième modèle, et le plus gros, il a été fabriqué pour l'Oktoberfest en 1978 en seulement 7 mois après sa commande.


La Grande Roue du Garten Festival (1969)

50 mètres de diamètre pour l'Oktoberfest (1978)


La première grande roue fixe signée Schwarzkopf à Liseberg (1970)

The Monster - Polyp (La Pieuvre)


The Monster (1967)
 

La première version de ce classique a été créée en 1961 par Klaus, une entreprise allemande qui n'existe plus aujourd'hui. Six années plus tard, Schwarzkopf en reprend le concept et l'améliore en s'inspirant du modèle imaginé par son prédecesseur. Il le baptise Monster. Il est conçu de manière à générer 3 mouvements : la rotation de l'ensemble des 5 bras, la rotation des satellites attachés à chaque bout de bras, et la levée et la descente des bras. Le tout donne l'effet de mouvements de tentacules, car ces trois actions sont réalisées simultanément, et non l'une après l'autre comme sur le premier modèle de Klaus. Deux attractions de ce genre ont été produites en 1968, et vendues au parc Liseberg en Suède et au Parque de Atracciones à Madrid.

En 1972-1973, Schwarzkopf produit le Monster II, une version encore améliorée du Monster. Les mouvements ne sont pas seulement plus rapides, mais ils sont également plus nombreux : les nacelles peuvent désormais tourner sur elles-même. De ce genre-là, 5 modèles seront construits et continuent de fonctionner principalement en Allemagne.

Le Monster II (1972)

Le Polyp (1978)
 

La troisième génération de ce concept est baptisée Polyp et sa production s'étale de 1978 à 1984. En partie du à des améliorations techniques et esthétiques son succès est assuré : 14 attractions sortent des usines. Le Polyp est plus compact mais dispose pourtant d'un plus grand nombre de nacelles que les modèles précédents, 25 contre 22 auparavant.

L'Enterprise

La sortie commerciale de cette attraction fabriquée pour la première fois par Schwarzkopf a été quelque peu mouvementée : bien qu'elle eut été inventée par Schwarzkopf auparavant, une autre entreprise avait breveté la machine. Ce qui a fait l'originalité des 4 modèles de cette attraction par rapport à la concurrence, c'est la position verticale que prend la structure à la fin de la phase d'ascenscion. En outre, le mécanisme d'élévation n'est pas hydraulique mais électro-mécanique.


L'Enterprise (1972)

Une des 16 nacelles de l'Enterprise.

En 1972, deux modèles avec des nacelles en forme de missile sont construits. Ils sont toujours en activité aux Pays-Bas, à Slagharen, et un autre en Belgique. Les troisième et quatrième modèle conçus pour parc de loisirs fixe et fête foraine, représentent respectivement la plus grande et la plus petite version de cette attraction. En particulier, le troisième modèle connaît un vrai succès avec 20 exemplaires vendus. Et détail amusant, le décor supérieur de l'attraction et sa façade pouvaient être interchangés avec ceux d'autres attractions Schwarzkopf - qu'il a conçues mais jamais construites -, en particulier les flat-rides Katapult, Sky-Flug III, Gigant et Flower Wheel-. La dernière version qui dispose d'un plus grand nombre de nacelles mais dans un espace plus restreint, a représenté un pas important dans l'amélioration des performances de ses attractions. De plus, si le nombre de rotations par minute des nacelles - normalement 17- s'établit à moins de 16, le bras redescend automatiquement. De cette dernière série, deux modèles ont été produits, un pour parc de loisirs permanent, et un autre transportable.

Les People-Movers

Le Panoramazug (le Train Panoramique)

A l'occasion du Festival Européen des Jardins à Vienne en 1970, dix exemplaires du Train panoramique ont été crées et appartiennent à la série des trains sur pneus. Comme ceux sur rails, ils représentent à la fois une attraction et un moyen de transport pour les visiteurs dans le parc. Pour réaliser cette animation familiale, un vieil engin militaire a été transformé et adapté en locomotive ; les wagons, quant à eux, ont été conçus sur mesure.


Monorail à Bobbejaanland
 

Monorail

Appartenant à la catégorie des people movers, il s'agit encore d'un moyen de transport et d'une attraction utilisés pour rendre la circulation des visiteurs plus fluide au sein d'un parc. Le modèle conçu par Schwarzkopf présentait alors un train aux formes aérodynamiques -pour l'époque- qui glissait le long d'une voie en acier avec guides latéraux. Il fut construit en 1976 pour Phantasialand en Allemagne, où il fonctionne encore aujourd'hui : le monorail climatisé permet aux visiteurs de survoler le parc à une hauteur de 10 mètres et de découvrir les différentes zones thématiques de Berlin à Chinatown. Deux autres exemplaires ont été crées pour Slagharen aux Pays-Bas et pour Bobbejaanland en Belgique.

Conquêtes spatiales et autres voyages.

Le Buggy Swing

Ce modèle de Music Express, connu sous le nom de Buggy-Swing, a été conçu par Schwarzkopf en 1971 en un seul exemplaire transportable. La principale innovation vient du fait que les anciennes structures de ce type d'attraction possédaient de 4 à 6 colonnes, et elles ont été remplacées par un système "parapluie" s'appuyant sur un seul pylone central.

Buggy Swing (1971)


Appollo 14 (1970)
 

Apollo 14

Cette attraction se distingue immédiatement par l'originalité de son inspiration : le premier pas sur la Lune a conduit Schwarzkopf à construire entre 1969- date de l'événement- et 1970 ce qui pourrait être considéré comme sa première réalisation sur le thème du voyage spatial. Elle est constituée d'une large sphère en fibre de verre renforcée à la surface recouverte de cratères sur laquelle on peut apercevoir des astronautes. Autour d'elle gravitent soit des capsules spatiales, soit des chaises volantes. Les capsules pour 3 personnes ou les chaises sont attachées à un cadre circulaire en acier supporté par 5 bras qui tournent autour d'une Lune. Il est possible de démonter la sphère rendant l'attraction facilement transportable. Deux exemplaires transportables de chaque type furent construits : le premier Appollo et le second à capsules -converti en chaises volantes en 1980- se sont retrouvés pendant un temps côte-à-côte au parc Slagharen vers la fin des années 1970. Dans les années 80, une des deux attractions est louée à différents parcs anglais, pour finalement se sédentariser en 2006 à Loudoun Castle en Ecosse.



Calypso (1968)
 

Calypso

Schwarzkopf a observé le succès de cette attraction d'abord commandée en 1968-1969 par le propriétaire du parc Linnanmäki à Helsinki pour ensuite en construire quatre exemplaires dans deux versions différentes. Dans sa première forme, des parapluies aux couleurs vives attachés à l'arrière des nacelles attiraient l'attention du public. Le second modèle se distinguait par sa compacité plus que par son apparence : il possédait un plus grand nombre de voiturettes dans un espace plus réduit, mais en ayant une scénographie moins attractive.

Zeppelin

Considéré comme un précurseur du modèle Condor, les seuls deux exemplaires produits du Zeppelin ont subi quelques transformations au fil des années. Dans sa première version faite en 1969, les cabines aux allures de zeppelins sont reliées à un cylindre central qui glisse le long d'un pylone, le tout est hissé à l'aide de chaînes. Le modèle suivant, fabriqué en 1971 est plus haut et plus large mais a moins de cabines. Il utilise le même type de pylône-support, mais un système de câbles métalliques pour lever les cabines qui s'est avéré être une bien meilleure solution que la précédente. Le modèle en tant que tel n'existe plus, seul le pylône sert désormais à la tour panoramique de Slagharen aux Pays-Bas.

 

Zeppelin (1969)

Auto-Skooter

Les auto-tamponneuses font partie des attractions classiques qui ont le pouvoir d'attirer les foules, participants et spectacteurs réunis, et Schwarzkopf n'a pu s'empêcher de construire ses propres modèles. Son Auto-Skooter est une construction modulaire faite d'acier léger caractérisée par un toit en plastique de hauteur ajustable. Sa modularité permet une réalisation sur mesure. En 1965, 12 exemplaires sont construits en 2 versions différentes, selon le nombre de piliers -six ou huit - qui supportent la partie supérieure.


Shuttle-Boot à Bobbejaanland
 

Shuttle-Boot

Bien que les "bateaux ivres" étaient des attractions déjà traditionnelles pour l'époque, le Shuttle-Boot -que Schwarzkopf baptisa "Santa Maria" en référence à un des trois vaisseaux de Christophe Colomb- est caractérisé par son système original de mouvement. En fait, ce "bateau" ne se balance pas suspendu à deux mâts, mais glisse d'un bout à l'autre d'une voie recourbée. Entre 1978 et 1980, cinq exemplaires sont construits, trois d'entre eux sont des modèles forains, et deux autres sont des modèles fixes toujours en activité en Belgique, à Bobbejaanland pour être précis, et au Japon.

Skilift Twister

Construite en 1962, cette attraction combine deux attractions en une : la Grande Roue et l'Enterprise. Le concept est simple : une fois la grande roue horizontal en mouvement, elle est élévée à un angle inférieur à 90° par un bras support qui utilise le même mécanisme amélioré que l'Enterprise. Quelques 5 exemplaires de ce modèle ont été réalisés pour les fêtes foraines et sont toujours en opération.

Wasserbahn

En 1982 Anton Schwarzkopf produit deux exemplaires de flume ride transportables, un pour l'Oktoberfest de Munich, l'autre pour le parc Gröna Lund Tivoli à Stockholm. A présent les deux modèles fonctionnent encore au Canada et en Afrique du Sud. Le canal est réalisé en acier, tandis que le décor lui est en bois. 10 camions sont requis pour transporter toute l'attraction.

 

Wasserbahn (1982)

Simon Bourlet

A suivre : Partie 3 : Schwarzkopf aujourd'hui.

Les illustrations sous tous droits réservés Schwarzkopf. et ont été reproduites avec autorisation. Remerciements à Mathijs Bembom.

Partie 1 - Partie 2
ParkOtheK - Rubrique Evolution et Histoire - Septembre 2006 - Contact : Simon Bourlet